Topological Atlas
Topological Atlas est un projet d'atlas numérique associé au
programme de recherche transdisciplinaire pour cartographier et
analyser la migration forcée et la construction des frontières entre
le Pakistan vers l'Europe et vice versa.
Le projet utilise la topologie comme cadre conceptuel utile au
développement d'une méthodologie pour réaliser des cartes à partir
des entretiens menés dans l'espace des migrations. Ce projet de
recherche repose des questions fondamentales sur le rôle de la
cartographie.
Il se concentre sur la manière dont se construit la frontière au
regard des expériences de migrants qui viennent de Pakistan vers
l’Europe (ou d'Europe vers le Pakistan) sans prendre nécessairement
en compte la topographie et les objets mais bien les perceptions,
les barrières mentales et culturelles qui font de ces migrations des
passages de frontières continues ou sans cesses repoussées. La
frontière
est donc comprise comme un paysage ou un environnement, de plus en
plus hostile, que les gens doivent négocier. En mobilisant des
techniques de cartographie
, d'analyse spatiale et de visualisation, l'objectif est de produire
des contre-géographies visuelles des régimes frontaliers
géopolitiques du point de vue des migrant·es sans-papiers,
de construire des représentations qui montrent comment les
frontières et les régimes frontaliers produisent de l'illégalité.
Dans le cadre de ce projet, l'Atelier cartographique conceptualise
et construit avec l'équipe de recherche une plateforme pour héberger
des cartes qui feront exister le contenu des entretiens qui ont été
mené par les chercheur·euses
et de mettre en relations les différents matériaux issus de
l’enquête de terrain (textes des entretiens en anglais, audio des
entretiens en langue originale, cartes à la main, etc.). A cette
fin, un des enjeux est de questionner et transformer le codex en
outil de navigation
à travers le système d'information.
La question des représentations nous accompagne au sein d’une
série de projets, dans des contextes très différents. Depuis
juillet 2021, on a rejoint un projet de recherche en cours qui
s’appelle Topological Atlas. Ce projet est porté par Nishat Awan
qui est basée à l'University Colloge de Londres (UCL, London).
L’objet de cette recherche, qui se fait dans un contexte
académique universitaire pas complètement classique, est d’arriver
à travailler sur comment la frontière se construit sur une zone
géographique qui s’étend en gros du Pakistan jusqu’à l’Angleterre.
Un vaste territoire sur lequel il y a une succession de
frontières. A travers des entretiens menés sur le terrain tant au
Pakistan qu’en Turquie, par les chercheurs et chercheuses
associé·es au projet, donne à voir que cette notion de frontière
peut être considérée comme quelque chose de continu
et pas toujours ancré à un endroit spécifique dans l’espace, comme
on pourrait l’imaginer d’habitude pour les frontières
administratives qui ont clairement un ancrage géographique fixé.
Ici, l’enjeu pour Atelier cartographique est de trouver un moyen
de représenter le fruit de leurs recherches.Pas spécialement en
faisant des cartes, mais en s’intéressant à ce qu’ils veulent dire
et comment ils veulent le dire. On est en train de produire un
système d’information sur mesure pour eux et avec eux. Les
discussions se tournent beaucoup autour des mots
qu’on utilise pour parler des choses et on en revient à cette
question de la création d’un langage commun, de l’importance des
choix, des mots, etc. qui apparaît dans plusieurs projets menés
par Atelier cartographique.
Exposer les frontières
Le contexte dans lequel ce projet de recherche prend part est
celui de la sécurisation et de la militarisation croissante des
frontières. Les frontières de l’Europe ont été repoussées
au-delà de la Méditerranée en favoriser le développement les
technologies de surveillance et l’installation de patrouilles
interdisant l’accès. Le Maroc et la Tunisie sont devenus des
centres de traitement pour les personnes qui tentent de se rendre
en Europe. Au Niger, le Royaume-Uni construit des centres de
détention pour les migrants. La Turquie est également un pays qui
retient les migrants et les réfugiés et qui les empêche activement
d’entrer en Europe. Malgré tous ces obstacles des migrants
arrivent en Europe. Ces régimes d’expulsion et de frontières
militarisées maintiennent les gens en mouvement.
Ainsi, les gens ne restent pas assez longtemps à un endroit
suffisamment stable pour commencer à construire une vie et un
foyer - beaucoup ne s’installent jamais assez pour avoir des
enfants. Les études sur les frontières considèrent les frontières
comme des processus. Mais il existe une tension dans la
littérature entre le fait de penser les frontières de manière
relationnelle,
à travers leurs effets de bord, et le besoin de les imaginer comme
étant fermement situées quelque part.
Evénement d'ouverture de l'exposition Weaving Worlds dans la Gallery 3 du Nieuwe Instituut à Rotterdam. Atelier cartographique y présentera le prototype du logiciel d'annotation de texte et d'images réalisé dans le cadre de la recherche Topological Atlas.