en nl

Jubilee-map

1 Jubilee-map est un projet mené en partenariat avec Ronny Heiremans & Katleen Vermeir, Maximiliaan Royakkers, Ciel Grommen, Clementine Vaultier, Loes Jacobs, Scott Raby, Anne Møller Christensen, Sara Grøntved, Justin Bennett. Ce réseau auquel a pris part Atelier cartographique était désireux de mutualiser la conception d'une plateforme 1cartographique destinée à publier et archiver des contenus associés à des pratiques artistiques nomades.1 La particularité du projet réside dans la volonté de rendre visible les relations entre ces différentes pratiques. Le parcours du projet est documenté dans un article collectif qui sera publié en juin 2023 dans le journal Technique.1

Au départ d'une carte OSM

Dans le cadre du projet 7Walks , Ronny Heiremans & Katleen Vermeir ont réalisé une carte sur OpenSreetMap (OSM). 7Walks est un projet de recherche artistique qui visent à resituer l'histoire des promenades thermales de Spa et à questionner les régimes de propriété de l'eau et de l'information géographique qui permet de les représenter. Dans un premier temps, l'idée était de faire une carte en partant des données OpenStreetMap (OSM). Cette carte documente les marches le long des sentiers historiques menant aux sources. Ces marches ont été des moments privilégiés de discussion. D'une part autour de la question de l'eau comme bien commun et d'autre part autour de la perspective de la carte comme commun technique. C'est dans cette persepctive qu'Atelier cartographique a été invité à discuter son approche de la cartographie lors du 7Walks Congress.

Interroger les cartes des promenades et la représentation des sources thermales

Dans l'histoire de la cartographies, les promenades ont souvent été associées à des guides touristiques. La carte accompagne alors un texte qui décrit et raconte les promenades en y associant des gravures des paysages et points d'intérêts situés le long du chemin. Tant le guide que la carte sont des objets qui se passent de mains en mains et dont l'histoire s'épaissit au fur et à mesure des transmissions.

Ce qu'on décide de représenter sur une carte et la manière d'occuper l'espace graphique de la page révèle des enjeux politiques. Dans le cas de la carte 'Spa & environs : carte des promenades', publiée autour de 1932 par le Syndicat d'initiative et de tourisme et éditée par A. De Boeck, la carte montre à la fois la rivière, mais aussi les promenades, les pentes et l'emplacement des sources. Le fait de représenter cette information n'est pas anodin, l'enjeu de développer le tourisme thermal étant corréler à celui de l'économie globale de la société commerciale Spa Monopole qui protège l'accès aux sources. Au-delà de l'aspect touristique du tracé de la promenade, l'enjeu du projet 7Walks était d'intégrer à la cartographique l'épaisseur d'une connaissance située.

L'exploration de cartes touristiques historiques a ainsi soulevé une question : dans quelle mesure une carte web génère-t-elle un potentiel relationnel comparable à celui d'une carte publiée dans un guide? Cela nous a conduit à tester l'application Cirkwi qui est une évolution contemporaine de ce type de carte touristique. Réalisé sur fond d'OSM, l'office du tourisme met cet outil à disposition des visiteur·euses pour préparer leur promenade, télécharger les tracés GPX, identifier les points d'intérêts etc.

Pour aller vers une infrastructure relationnelle ou vers une carte qui n'est pas une carte

Autour des enjeux d'intégrer une connaissance située et d'explorer le potentiel relationnel de la carte, le projet s'est étendu à une série des partenaires qui travaillent principalement autour de processus dans l'espace public. La plateforme cartographique est depuis destinée à accueillir une grande variété de personnes, de lieux, d'objets, et d'archives. 1 L'article qui sera publié à l'automne 2023 dans le journal Technique est construit autour d'un dialogue semi-fictif qui rend compte du processus de réalisation d'une cartographie qui tend à rendre visible les interconnexions, les collaborations et les 1 communications que les différents partenaires entretiennent les uns avec les autres de manière à transformer la plateforme cartographique en une infrastructure relationnelle. 1

Dans le cadre de notre collaboration avec Jubilee, Nadine, f.eks et Altas of Ovens, nous avons mis en place une série de six ateliers destinés à questionner l'utilisation de l'outil cartographique ainsi que sa co-édition. Ces ateliers devaient participer à révèler les structures sous-jacentes et les hiérarchies de pouvoir cachées sous l’outil technique.

Le premier atelier, intitulé "Découvrir", s'est penché sur les objectifs de la carte. Il s'agissait de déterminer ce que la carte deviendrait en identifiant les valeurs et les objectifs communs, en travaillant sur les différentes idées et visions, les besoins, les désaccords, etc. Une raison avancée par le groupe pour développer un outil de cartographie numérique était de pouvoir archiver et afficher des pratiques artistiques immatérielles et de promouvoir ainsi leur influence/action et leur visibilité. Dans un premier temps, nous avons élaboré un vocabulaire commun pour parler des choses et prendre en compte les implications de parler d'une chose plutôt que d'une autre. Ensuite, nous avons partagé nos imaginaires par rapport à la cartographie et à l'outil que nous allions concevoir.

Le deuxième atelier a porté sur « La carte en tant qu'outil d'archivage : faire le point, examiner la diversité des matériaux/documents et la classification, les possibilités de mise en réseau et les défis à relever ». Prenant la forme d'une promenade, d'un trajet en bus ou à vélo, les pratiques artistiques immatérielles sont souvent très éphémères. Étant donné qu'elles sont spécifiques à un site et à un moment, l'élan de l'œuvre est souvent ce moment, une expérience partagée d'un lieu et une narration avec un public. Dans de nombreux cas, il n'y a que peu ou pas de documentation. Pour celles·ceux qui n'étaient pas là, ces pratiques restent invisibles, presque inexistantes. Lors de cet atelier, chaque participant a pris le temps d'exposer comment le matériel liés à ces pratiques artistiques éphémères parle de connaissances situées. Nous avons ensuite commencé à créer une interface et à écrire des modèles pour la base de données.

Ces ateliers nous ont permis de matérialiser et rendre plus tangibles certains aspects de la conception et du développement cartographique qui restent souvent abstraits ou obscurs. Par exemple, au cours du troisième atelier : "La carte comme outil d'archivage : diagrammes de classes, définition des types de relations", nous avons travaillé sur la conception de la structure de la base de données. Nous avons imprimé sur des fiches en carton les différents modèles de données que nous avions écrits sur des cartes de couleur listant les éléments à encoder dans chaque modèle. Chaque couleur était attribuée à un groupe. Les noms de tous les fichiers à encoder ont été imprimé sur un Dymo dans la même couleur que la fiche afin de pouvoir les associer à une fiche modèle. Ainsi, la base de données est devenue un ensemble très concret de cartons colorés, chaque carte étant complétée à la main par les participants. Après cette première tentative d'encodage manuscrit, le diagramme A3 a été annoté et modifié.

Le quatrième atelier sur la référence à « La carte de Piranèse et le recuit simulé » a abordé l'idée conceptuelle de la création d'une carte composée d'une multitude de fragments de cartes. La conception graphique et la recherche sur l'identité visuelle ont été initiées par une performance collective dont le but était de créer des formes en brisant une grande plaque de caramel faite maison, placée dans un tiroir d'un meuble conservé de l'IGN (institut géographique national). Notre carte en devenir était prête à être stockée. Mais avant, nous avons invité tout le monde à casser le caramel en morceaux à l'aide de marteaux. Ces morceaux ont été scannés, puis leurs formes ont été vectorisées. Après la numérisation, le caramel a été partagé entre nous. Outre la collection de formes brisées qui en a résulté, cette performance a introduit la notion de recuit simulé : "une méthode de résolution de problèmes d'optimisation sous et sans contraintes qui reproduit le processus physique qui consiste à chauffer un matériau, puis à abaisser lentement la température et à réduire les défauts, et donc le système". Le nom vient du recuit en métallurgie, un traitement thermique, ce qui a d'ailleurs donné lieu à des échanges sur les liens entre la pratique d’Atlas of Ovens, par exemple, et celle du développement. La disposition des pièces dans la toile numérique doit être développée plus avant. Des expériences ont été faites, en utilisant la technique du recuit simulé.

Le cinquième atelier a été l'occasion de démontrer le prototype en effectuant des tests d'encodage, de discuter des problèmes de conception et de valider les modèles en établissant un glossaire commun définissant le nom de chaque modèle.

Le sixième atelier a permis de discuter de la navigation et de la présentation des informations.

Ou vers une carte qui change de forme en fonction des pratiques présentes sur la plateforme, et en fonction des relations entre les pratiques

Habituellement, une carte est conçue comme une totalité, ou, pour une zone spécifique géographiquement délimitée, où les lieux sont disposés les uns à côté des autres d'une manière qui préserve les proportions de la distance physique entre eux, par exemple. Ici, les lieux cartographiés peuvent changer, évoluer, au fur et à mesure de l'évolution des pratiques. Les relations spatiales entre les objets sont déformées, de sorte que les relations homme/artiste/pratique sont mises en avant en premier lieu. C'est passionnant en termes d'imaginaires partagés de représentations du territoire, dans lesquels différents fragments de cartes se trouvent côte à côte sur la même toile, à différentes échelles, et sans relation spatiale traditionnelle entre eux. Cela permet de présenter simultanément une multiplicité de représentations, ce qui est très lié à ce que nous avons realisé avec Wænd. En effet, le défi de Waend Wændétait de donner de l'espace pour une connaissance approfondie de la cartographie et d'explorer le potentiel relationnel de la carte.

Cependant, la collaboration avec Jubilee, Nadine, f.eks et Altas of Ovens a soulevé le défi de l'intégration d'un réseau étendu de partenaires travaillant principalement sur des processus dans l'espace public. Depuis, la plateforme cartographique a été conçue pour accueillir une grande variété de personnes, de lieux, d'objets et d'archives. Aussi, l'article, qui sera publié à l'automne 2023 dans la revue Technique, est construit autour d'un dialogue semi-fictionnel qui rend compte du processus de production d'une cartographie qui tend à rendre visibles les interconnexions, les collaborations et les communications que les différents partenaires entretiennent les uns avec les autres, de manière à transformer la plateforme cartographique en une infrastructure relationnelle.

Pour devenir une infrastructure relationnelle d'un autre niveau, une autre série d'ateliers devront mettre en lumière les besoins ultérieurs en matière de conception et de développement. A terme, cet outil est destiné à inclure d'autres pratiques numériques et éphémères. Pour nous, c'est aussi l'occasion d'expérimenter l'outil en tant que coopérative de pratiques cartographiques et d'intégrer sa conception dans des moments sociaux que remettent en question la place de la technologie dans la société.

Rencontres

  • Cinquième atelier autour de la démonstration du prototype. Test d'encodage, questions de design et discussion finale pour valider les modèles.
  • Quatrième atelier autour de la carte de Piranesi. Réalisation de fragments cartographiques à partir d'une plaque de caramel rangée dans un tiroir IGN. "Sugar shards map"

  • Troisième atelier pour concevoir la plateforme cartographique. "The map as archival tool : class diagrams, defining the types of relations".
  • Deuxième atelier pour concevoir la plateforme cartographique. "The map as archival tool : inventory, looking at the diversity of material/documents and classification, interconnectedness possibilities and challenges".
  • Premier atelier pour concevoir la plateforme cartographique. "Finding out : feedback on the unified briefing proposal, defining priorities from the wishing list, discussion over the workshops program".
  • Ronny Heiremans & Katleen Vermeir nous ont invité à donner une conférence sur la cartographie lors du 7Walks Congress dans le cadre de leur projet artistique à Spa. Un bout sonore

  • Nous étions à Genk pour Emptor : Assembly of practices organisée par Jubilee. Cette rencontre cartographique nous a immergé au coeur de la réalité d'un paysage de terril et rassemblé autour du Warmbed construit par Ciel Grommen & Maximiliaan Royakkers. Comment cartographier la provenance du bois destiné à alimenter le feu ? Quelques sons mémoriels

  • Partenaires : Atelier cartographique, 7 Walks, Atlas of Oven, Skal, Nadine, et f.eks
    Période : 2022-2023
    Technologies mises en œuvre : Django
    Sources des données et accessibilité : Jubilee et autres partenaires associés
    Liens internet : 7Walks