Metrolab BrabantSZenne

Le Metrolab brabantSZenne est une recherche-projet porté par Bernard Declève, Roselyne de Lestrange et Julie Denef au sein de l'unité URBA de la faculté LOCI de l'UCLouvain. Financée par Innoviris, cette recherche-action a visé la conception et la réalisation collaboratives d’une infrastructure verte interrégionale longeant la Senne et le canal à travers Bruxelles et les deux Brabants : « la promenade brabantSZenne ». S’inspirant du concept européen de « Living Lab », cette recherche-projet met en situation de dialogue et de coopération des acteurs publics, privés et de la recherche, actifs dans les domaines de l’eau, de l’environnement, du développement urbain et de la mobilité.

La promenade brabantSZenne est pensée suivant quatre dimensions : spatiale, environnementale, économique et politique. Dans sa dimension spatiale, le projet veut contribuer à la structuration de l’espace métropolitain en l’enrichissant d’un nouvel espace ouvert : une promenade paysagère stimulant les mobilités actives entre Rebecq en Brabant Wallon et Vilvorde en Brabant flamand, longeant la zone du canal en région bruxelloise. Dans sa dimension environnementale, le projet intègre des actions de réhabilitation de la qualité éco-morphologique de la Senne et contribue à la connectivité des habitats. Dans sa dimension économique, cette infrastructure verte constitue potentiellement un landmark auquel pourront se connecter physiquement et s’identifier symboliquement des initiatives locales existantes ou à venir. La dimension politique de ce projet d’infrastructure repose sur la mise en coopération de territoires institutionnels et de domaines de gestion très différents.

Méthodologiquement, le Metrolab brabantSZenne reprenait le concept européen de « Living Lab » (terme institué par un programme d'Union Européenne lancé en 2006). Il a visé à mettre en situation de dialogue et de coopération des acteurs publics, privés et du monde de la recherche, actifs dans les domaines de la gestion de l’eau, de l’environnement, du développement urbain et de la mobilité. Le projet de promenade y sert de support d’expérimentation ‘grandeur nature’ de méthodes de gouvernance, d’outils ou de services dotant cette infrastructure d’une valeur ajoutée à la fois locale et métropolitaine. Dans cette perspective, un des objectifs du projet est de tester des modes d’articulation et de coopération avec des programmes mis en place dans les territoires traversés, comme le Plan Canal en Région Bruxelloise, le projet Zuurstof voor de Zennevallei piloté par le Regionaal Landschap Pajottenland&Zennevallei en Région flamande ou le Contrat de rivière Senne en Région wallonne.

L'équipe LOCI-URBA a emprunté à F.L. Olmsted la référence du collier de perles (Emerald Necklace), qui est devenu l’objet principal du travail d’enquête par le projet. Spatialement, le collier de perles est tenu par deux fils : celui de la rivière restaurée comme corridor écologique et celui de l’espace public conçu comme support de mobilités actives et comme connecteur métropolitain. Quant aux perles, ce sont des initiatives locales - existantes ou à venir - que l’espace public vient chercher pour les connecter entre elles. Il peut s’agir de dispositifs de gestion de l’eau ou activités contribuant au renforcement de circuits courts, depuis la PME, la coopérative ou l’association productrices de fruits et légumes qui contribuent à recréer un paysage « à grain fin » de potagers et de vergers, jusqu’au réseau de Brasseries qui contribuent à l’identité de la vallée, en passant par des initiatives culturelles - comme le FelixArt Museum à Drogenbos, antenne décentralisée du musée des Beaux- Arts d’Anvers - qui inscrivent l’art et la culture dans le paysage périurbain.

Sur le terrain, cette dynamique collaborative a permis : ➔ De rassembler un corpus d’informations territoriales et de produire 8 cartes contextuelles qui retissent des liens entre des systèmes d’informations territoriales fragmentés depuis la régionalisation de 1989: Aléas d’inondation, Potentiel de continuités écologiques, Entités paysagères, Mobilités douces et transports en commun, Patrimoine, Infrastructures de transport, Occupation du sol, Plans de secteur, Projet et opérations en cours,

➔ D’évaluer les conditions d’intégration éco-paysagère des dispositifs techniques destinés à opérer physiquement la réhabilitation hydro-morphologique de la Senne: conception de dispositifs de retenues d’eau fondés sur un principe d’immersion temporaire, étude des possibilités de limitation de l’imperméabilisation des sols et d’utilisation de plantes indigènes, etc.

Le résultat de cette phase de l’étude est un plan de séquençage de la rivière en fonction des types d’interventions nécessaires pour atteindre cet objectif

Une fois que ce matériel a été constitué, l’enquête s’est poursuivie par un processus de design collaboratif au cours duquel l’hypothèse de collier émeraude a été testée sur un tronçon de 10 km entre Rebecq et Lembeek. Une première esquisse de tracé général de la promenade a été dessinée. La proposition intègre les actions et projets existants et les relie par des interventions complémentaires soit concernant des tronçons manquants, soit complétant des projets existants sur l’un ou l’autre aspect de la promenade (mobilité, paysage, espace public). Cette hypothèse de tracé a été validée lors d’un premier workshop métropolitain qui s’est tenu les 10, 11 et 12 septembre 2014.

Le rapport complet de cette recherche-action territoriale, avec la proposition de tracé pour la promenade cycliste et piétionne ainsi que le projet de renaturation est disponible auprès de Bernard Declève et Roselyne de Lestrange.

Dans le cadre de MetroLab Brabant SZenne, Atelier Cartographique a réalisé un prototype d’application web permettant la publication de cartographie collaborative et subjective : la plateforme Wænd. Ce premier travail a donné lieu, en fin de première année du projet, à une version alpha de la plateforme Wænd. Les activités collectives de la deuxième année de projet ont fourni plusieurs opportunités de tester le prototype et d’en améliorer la convivialité.

Cet outil a suscité un certain engouement auprès des disciplines actives dans la mise en récit des territoires et a été utilisé pour realiser des cartes qui ont été intégrées au webdocumentaire du projet.

Cet outil a été développé autour de l’idée que l’on peut, par des méthodes de design collaboratif, tenter de faire de l’hybridation des systèmes d’informations territoriales une ressource plutôt qu’un obstacle aux initiatives de projet. Concrètement, l’application permettait d’avoir accès, d’importer et de visionner des informations territoriales, et de générer de nouvelles informations géoréférencées à partir des connaissances détenues par des participants extérieurs, créant par là des possibilités de développer de nouvelles cartes d’analyse ou de projet. La flexibilité de l’outil permettait d’établir des liens entre des données analytiques, et celles, plus qualitatives, des acteurs locaux.

En novembre 2015, l’équipe a fait à Innoviris la proposition de produire le rapport final de recherche sous forme de webdocumentaire (webdoc), suivant en cela une demande exprimée plusieurs fois par des partenaires du Métrolab qui craignaient de voir la dynamique s’éteindre avec la fin du financement. A travers le format du webdoc, deux objectifs étaient visés:

➔ Valoriser les résultats de la recherche sous un format qui traduise la dynamique multidimensionelle de l’expérience du métrolab et qui puisse survivre au-delà de la période de financement.

➔ Expérimenter une structure de narration non-linéaire et multi-média accessible et utilisable par l’ensemble des partenaires.

Ce webdoc a été réalisé par Marine Declève et Julie Denef. Il a également permis de visibiliser le réseau qui s'était construit autour de cette dynamique. Ce webdoc a assuré jusqu'en 217 l’accès en ligne aux produits scientifiques de la recherche : thèse de Roselyne de Lestrange, atlas, tracé de la promenade, prototype de plateforme de cartographie collaborative, aux travaux d’étudiants, aux contenus et résultats des deux studios métropolitains ainsi qu’à un corpus de photos, cartes, bandes audio et vidéos assemblés au cours du processus. La structure narrative du prototype suit l’idée des fils qui se croisent, exprimée par le diagramme méthodologique expliquant la démarche de projet. Il n'est aujourd'hui plus accessible en ligne mais consultable sur demande auprès de Bernard Declève.

La proposition de planter 1000 arbres le long de la promenande BrabantSZenne est une idée formulée lors d’une séance d’atelier à Tubize. Elle se fonde sur une tradition communale qui conduit le service des espaces verts de la commune à planter un arbre à chaque naissance enregistrée sur le territoire de la commune. La proposition faite au groupe de travail était que la promenade BrabantSZenne devienne la structure porteuse de cette tradition. L’idée s’est très vite imposée par son côté pratique et sa facilité d’exécution. Elle permet d’envisager la préfiguration matérielle du tracé de la promenade sur la traversée de Tubize mais aussi, pourquoi pas, sur le territoire des autres communes concernées par le tracé de la nouvelle structure éco-paysagère. C’est dans cette perspective que la proposition d’une Intervention paysagère pilote a été étendue aux membres des deux autres groupes de travail et discutée dans l’atelier métropolitain du 23 juin 2015 à Saint-Gilles. L’objectif était de préfigurer le tracé de la future stucture éco-paysagère métropolitaine en plantant un « fil vert » qui fasse exister dans le paysage les premiers éléments d’un landmark métropolitain. Il s’agissait d’effectuer des plantations (d’arbres, de haies ou des prairies fleuries) aux points les plus indiqués de la ligne: – pour mettre en valeur les fonctions paysagères, symboliques ou écologiques de la nouvelle structure ou des « perles » qui y sont connectées ; – pour rétablir des alignements de peupliers et saules têtards hérités de l’histoire de la vallée.

Suite à l’émergence de l’idée, l’équipe de recherche a procédé à une série de relevés de terrain et a élaboré une proposition de plan de plantations sur base de laquelle a été effectué un chiffrage et une hypothèse de montage institutionnel et financier de l’opération. Cette première étude a été réalisée en collaboration avec Joël Ryelandt et Olivier Baudry (Agro Louvain Service). Elle a ensuite été discutée et amendée dans les ateliers de Drogenbos et Anderlecht, dans un processus qui a fait évoluer progressivement l’idée initiale d’un alignement d’arbres vers celle d’une continuité plantée plus variée, adaptée aux conditions paysagères.